SEMPER EADEM
« D’où vous vient, disiez-vous, cette tristesse étrange,
Montant comme la mer sur le roc noir et nu ? »
« D’où vous vient, disiez-vous, cette tristesse étrange,
Montant comme la mer sur le roc noir et nu ? »
Je te donne ces vers afin que si mon nom
Aborde heureusement aux époques lointaines,
Dans les caveaux d’insondable tristesse
Où le Destin m’a déjà relégué ;
Le soleil s’est couvert d’un crêpe. Comme lui,
Ô Lune de ma vie ! emmitoufle-toi d’ombre ;
Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses,
Ô toi, tous mes plaisirs ! ô toi, tous mes devoirs !
Deux guerriers ont couru l’un sur l’autre ; leurs armes
Ont éclaboussé l’air de lueurs et de sang.
Viens, mon beau chat, sur mon cœur amoureux ;
Retiens les griffes de ta patte,
Lorsque tu dormiras, ma belle ténébreuse,
Au fond d’un monument construit en marbre noir,
Une nuit que j’étais près d’une affreuse Juive,
Comme au long d’un cadavre un cadavre étendu,
Toi qui, comme un coup de couteau,
Dans mon cœur plaintif es entrée ;